Quando judex est caeca

L'édition du 3 juin 2017 nous apprend qu'un juge est convoqué devant le conseil disciplinaire de son ordre pour avoir évoqué, à trois reprises, le "devoir conjugal" dans le cadre d'un procès intenté par une femme contre son mari.

 

En substance, celle-ci reproche à son homme de lui avoir mis sur la gueule alors qu'elle fait chambre à part, ne supportant plus celui qui n'est plus son Jules.

 

Au cours de l'audience, le juge a fait à trois reprises allusion à l'obligation qu'aurait la femme à satisfaire les  besoins génésiques de son compagnon quand celui-ci le demande (autant que je le sache, la réciproque n'a jamais été vraie).

 

Le Juge échappera probablement à un ridicule procès pour incompétence. Néanmoins, fidèle à la tradition républicaine, l'Ordre ne manquera pas de lui rappeler que le concept de "devoir conjugal" est sorti depuis longtemps du Code.

 

Si l'on avait à faire à un jeune juge, on peut penser que celui-ci (à moins de faire partie des franges les plus réactionnaires de la religion) n'a jamais entendu parler de ce fameux devoir. Si c'est un juge qui a de la bouteille, on devrait plus s'intéresser à son statut psychiatrique qu'à son idéologie. Comme "il n'y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre", il n'y a probablement pas "plus illettré que celui qui ne veut pas lire". 

 

Ce juge a sans doute, dans le cadre de sa formation permanente, été averti que le "devoir conjugal" ne participait plus de la loi, mais la partie de son cerveau qui contrôle la connaissance, aveuglée par les effets pernicieux de certaines idéologies réactionnaires, lui ont interdit de prendre connaissance des progrès de la science, de la culture et de la loi.

 

C'est une des caractéristiques de l'autisme que d'ignorer ce qui ne vous intéresse pas ou, dit d'une manière différente, ce qui ne vous fait pas jouir. Ce juge ne jouit pas de la liberté de la femme, ce juge, donc, continue en 2017, à  intégrer, dans les méandres de son cerveau, des concepts aujourd'hui archaïques. Faut-il envisager, pour ce juge, un traitement psychothérapeutique pour le délivrer de sa névrose réactionnaire. Je vous laisse juges puisqu'ici, il s'agit de droit.